Patrick VILLIERS, Professeur émérite en histoire moderne à l'université du littoral, vice-président de la Société Française d’histoire maritime
Le vaisseau de 1er rang la Ville de Paris et la guerre d’Indépendance américaine
Sous Louis XIV et pendant la première partie du règne de Louis XV, les vaisseaux de guerre français portent le nom de qualités royales : Conquérant, Orgueilleux, Soleil Royal, etc. À partir de 1762 apparaissent des noms de province : Provence, Artésien mais également de villes et notamment Ville de Paris, Marseille, etc. C’est à Choiseul que revient cette initiative pour répondre aux pertes de vaisseaux de la guerre de Sept Ans. Quel type de vaisseau était ce Ville de Paris ? où fut il construit ? mais surtout quel fut son rôle dans la guerre victorieuse de la guerre d’Indépendance ? De la victoire d’Ouessant à la victoire de la Chesapeake, le professeur Patrick Villiers nous présentera ces différentes campagnes maritimes où la Ville de Paris joua un rôle capital.
Christophe LEVADOUX, enseignant en Histoire de l'Art à l'Université Clermont Auvergne (UCA), professeur associé à l'ESC-Clermont, enseignant en classes préparatoires et chercheur associé au Criham-Unilim
Décors peints franciliens, l'affirmation du goût et du rang durant la première moitié du xviiie siècle
Selon la formule de La Rochefoucauld, la magnanimité est « un noble effort de l'orgueil, par lequel il rend l'homme maître de lui-même ». Dans toute société de cour, le domaine, qu'il s'agisse du fief ou de toute autre typologie monumentale, est l'expression du rang et de la puissance ; mais aussi le lieu où les Arts s'épanouissent. En ce sens, dans la Véritable grandeur d'âme, publiée en 1725, le marquis de Magnane écrit qu'il faut être « splendide pour les autres et non pour soi ».
Juliette RENNES, directrice d'études à l'EHESS
Observer le travail de rue à Paris en 1900. Histoire des images et histoire sociale
Si les innombrables cartes postales photographiques du Paris des années 1900 ont gardé la trace d'une diversité de métiers de rue, elles occultent certaines dimensions de ces activités et ne représentent pas également tous les groupes professionnels qui occupaient alors l'espace urbain parisien. Elles traduisent en effet différents processus de sélection des modèles représentés selon leur métier, leur genre et leur âge. Cette intervention explore ces politiques de représentation en confrontant ces cartes postales à diverses archives, qu’il s’agisse de statistiques publiques, de registres de police ou d’enquêtes ouvrières. À travers ce cas, il s’agit plus largement d’interroger de quelle manière les cartes postales peuvent être mobilisées comme source d'une histoire sociale et visuelle du travail de rue
Charlotte DUVETTE, Institut national d’histoire de l’art (INHA), chercheuse associée au centre de recherche Histoire culturelle et sociale de l’art (HiCSA)
Lotissements et sous-lotissements autour des grands boulevards : scénographier la ville par l’habitat (1780-1790)
À la fin du xviiie siècle, l’attrait de plus en plus marqué pour les boulevards et les faubourgs de la rive droite fit naître l’idée de renouveler l’espace au sol d’anciens hôtels particuliers. Analyser la manière dont les particuliers choisirent de lotir leurs terrains, au regard des types d’habitations qui y sont érigés, permet de mieux comprendre le mécanisme des transformations privées et de la modernisation de la ville. La formation des rues de Choiseul, de Caumartin, de Hanovre ou de la Michodière offre un panel d’architecture domestique hybride représentatif du Paris moderne.
Nicolas OGET, docteur en histoire de l’art et professeur documentaliste certifié dans l'enseignement secondaire et enseignant contractuel en histoire de l'art à l'université de Rennes 2
Du Maître de Coëtivy à Colin d’Amiens… Quand l’historien de l’art explore le document
Face à ses collègues des périodes postérieures, généralement en mesure d’identifier et d’authentifier œuvres et artistes, l’historien de l’art de la période médiévale est le plus souvent confronté à une production restée anonyme – tous supports artistiques confondus – et ne peut faire autrement que de se contenter de noms de convention – les fameux « Maîtres de… » – forgés de toutes pièces par ses soins et l’historiographie sur la base de critères stylistiques. L’exploration ininterrompue des fonds d’archives au cours du xxe siècle, accentuée encore ces cinquante dernières années, a néanmoins permis de reconstituer d’authentiques carrières de peintres et, à la faveur d’indices tangibles, de mettre en relation ces peintres et les maîtres anonymes préalablement définis. Parmi eux, un peintre parisien du nom de Colin d’Amiens et un maître anonyme baptisé de longue date le Maître de Coëtivy.
Geneviève ÉTIENNE, conservatrice générale du Patrimoine honoraire, secrétaire générale de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France
Marie-Pauline et Marie-Blanche Alziary de Roquefort, dites les sœurs Saint-Val, célèbres actrices de la Comédie Française à la fin de l’Ancien régime, sous la Révolution et le Consulat.
Aujourd’hui un peu oubliées du grand public, mais non des spécialistes, Marie-Pauline et Marie-Blanche Alziary de Roquefort, de leur nom de théâtre Saint-Val ainée et Saint-Val cadette, ont connu de leur vivant une grande notoriété aussi bien en France qu’à l’étranger. Leur remarquable talent de tragédiennes vanté par les plus grands auteurs et critiques de l’époque, mais aussi les coteries auxquelles elles se sont heurtées, qui les ont fait apparaître un temps comme des victimes de l’arbitraire royal, en ont fait des personnalités phares de la Comédie française. Très différentes l’une de l’autre, mais toutes deux très attachantes, elles ont mené à travers des régimes politiques successifs une carrière assez mouvementée, en s’insérant dans les grands courants de l’art dramatique de leur époque, à Paris, à la Comédie française et au théâtre Montansier, mais aussi en province où toutes deux ont débuté et où Marie-Pauline a fait par la suite des tournées triomphales, en Russie où Marie-Blanche a été l’invitée de la Cour. Tout en rappelant le cadre historique, littéraire et artistique dans lequel les sœurs Saint-Val ont évolué, la conférence s’efforcera aussi d’évoquer leur cercle de relations, leur vie familiale et privée qui, au moins pour ce qui concerne Marie-Blanche, n’est pas dénuée de quelques mystères