Judith FÖRSTEL, conservateur en chef du patrimoine, Service Patrimoines et Inventaire, Région Île-de-France
L’image de Paris et de l’Île-de-France au Moyen Âge (fin XIIe-début XVIe siècle)
La conférencière essaie de mettre en lumière les éléments constitutifs de l’identité parisienne et francilienne tels qu’ils apparaissent dans les sources littéraires (chroniques, poésie, éloges de villes, récits de voyage…) depuis le règne de Philippe Auguste jusqu’à celui de François 1er. Comment appelait-on cette région au Moyen Age ? D’où vient ce mystérieux nom d’« Ile-de-France » ? Quelles étaient ses spécificités aux yeux des écrivains médiévaux ? Comment ont-ils rendu compte des liens étroits qu’entretenaient Paris et ses environs, sur les plans économique, administratif ou militaire ? Au fil des dépouillements, se construit l’image d’une région bien particulière qui jouissait d’un réel prestige.
Frédéric JIMENO, docteur en histoire de l'art, Secrétariat général du Comité d'histoire de la Ville de Paris
Les monuments aux morts de la Grande Guerre. Un hommage des Parisiens à leurs enfants
La fin de la Première Guerre mondiale a laissé une profonde empreinte dans le paysage parisien. D'innombrables monuments aux morts ont en effet été édifiés, recensant les noms des tombés pour la France. Actuellement, près de 350 monuments sont recensés, réalisés par les institutions publiques, privées et religieuses depuis 1918. Ces monuments témoignent bien sûr de la nécessité d'honorer la mémoire des 95 000 Parisiens victimes des combats. Mais par leur diversité, de l'arc de triomphe monumental construit pour l'École Centrale à la simple feuille manuscrite sobrement encadrée de Saint-Nicolas des Champs, ils témoignent de l'adaptation des artistes à des situations parfois complexes.
Carole CHRISTEN, maîtresse de conférence en histoire contemporaine à l'université de Lille III
Les cours pour les ouvriers adultes à Paris, 1815-1870
Le XIXe siècle peut être qualifié de siècle pédagogique. Ses contemporains ont fait de la question éducative, et plus particulièrement de celle de la scolarisation des enfants du peuple un enjeu social et politique majeur. Mais celle des adultes, en particulier les ouvriers, occupe aussi une place importante comme l'attestent les nombreux cours du soir ouverts à Paris dans cette période 1815-1870 qui se caractérise par l'élargissement de la souveraineté populaire et l'expansion industrielle. Les philanthropes, ingénieurs et manufacturiers veulent, par ces cours former les travailleurs et les acculturer aux nouvelles valeurs bourgeoises et libérales, tandis que les réformateurs sociaux et les ouvriers cherchent dans ces cours un moyen d'émancipation.
Isabelle ABADIE, archéo-anthropologue à l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP)
La fouille du cimetière de l'hôpital de la Trinité
Une partie du cimetière de l'hôpital de la Trinité à Paris a fait l'objet et d'une fouille archéologique en 2015. Découverte inédite au sein de la capitale, cette intervention apporte de nouvelles données archéo‑anthropologiques sur un ensemble hospitalier médiéval et moderne parisien. Elle offre également l'opportunité de confronter ces informations aux sources anciennes, écrites et cartographiques, relatives à cet établissement d'accueil et de soins. Bien que l'étude du site soit en cours, nous proposons de présenter les premiers résultats disponibles dans le cadre de cette conférence. La découverte de plusieurs fosses communes a permis notamment de renouveler la connaissance de l'attention portée aux malades et aux morts pendant les grandes épidémies.
Youri CARBONNIER, maître de conférence en histoire moderne à l’Université d'Artois
Les cloîtres de Paris au XVIIIe siècle : diversité des enclos canoniaux au cœur de Paris
Au siècle des Lumières, Paris compte une vingtaine de "cloîtres", qui sont des enclos ecclésiastiques, conventuels ou séculiers, regroupant, autour d'une église, un certain nombre de bâtiments d'habitation. Conçus au départ pour abriter les chanoines ou les religieux, la plupart sont devenus des logements baillés à des personnes extérieures à la communauté. Le plus vaste, le cloître de Notre-Dame, est paradoxalement encore assez méconnu.
Après une présentation générale des cloîtres du centre de Paris, le propos sera centré sur l'enclos cathédral, en présentant d'abord sa topographie et les caractéristiques de ses maisons, originales à plus d'un titre au cœur de la capitale, puis en s'attachant à ses habitants. La foule attendue des chanoines, des bénéficiers et des employés de la cathédrale y est en effet complétée par des laïcs qui semblent y chercher une quiétude qui a depuis longtemps déserté les environs immédiats.
Boris BOVE, maître de conférence à l'Université de Paris 8 - Saint-Denis
Y a-t-il des hôtels aristocratiques à Paris au Moyen Age ?
On sait que les gens de cour sont nombreux à Paris au XlVe siècle, mais on connaît mal leur habitat, dont les vestiges sont rares (tour Jean sans Peur, porche de l'hôtel de Clisson, hôtels de Sens et de Cluny) et les représentations plus rares encore. On qualifie ces demeures "d'hôtels aristocratiques" par analogie avec les "hôtels particuliers" du XVIIIe siècle, mais l'analogie est trompeuse car une mise en série de biographies d'hôtel montre qu'il n'existe pas d'archétype architectural pour les résidences des gens de cour, pour lesquels on trouve plutôt une typologie variée, de la maison de ville au palais, pas toujours en rapport avec le statut du propriétaire d'ailleurs. Ils participent de la renommée de la ville mais ces hôtels, fermés à la ville et situés dans les angles morts du tissu urbain, ne sont pas perçus par les Parisiens comme des monuments
Thomas PUCCI, chargé d’action culturelle Chapelle expiatoire – colonne de Juillet
La Chapelle expiatoire : Un lieu de mémoire univoque à l'histoire multiple
La Chapelle expiatoire est bâtie sur l'ancien cimetière paroissial de la Madeleine, lieu de sépulture de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Proche de la place de la Révolution (place de la Concorde) où était dressée la guillotine, le cimetière a également accueilli les dépouilles de nombreux condamnés. Sous la Restauration, les restes des souverains sont transférés à Saint-Denis tandis qu'est posée la première pierre du monument.
Inaugurée en 1826, la Chapelle expiatoire est entièrement dédiée à la mémoire du régicide. Conçu comme une condamnation de la Révolution de 1789, le monument porte en lui une charge symbolique forte. C'est pourquoi, sous les différents régimes qui se succèdent au XIXe siècle, la Chapelle expiatoire a fait l’objet de plusieurs tentatives de démolition. Sa valeur patrimoniale est finalement reconnue lors de son classement en 1914.
Des découvertes archéologiques récentes ont confirmés la présence des ossuaires de l'ancien cimetière qui contiennent certainement les dépouilles d'Olympe de Gouge, de Manon Roland, de Philippe Égalité, des députés Girondins, d’Hébert.... Au-delà d'un lieu de mémoire monarchique, la Chapelle expiatoire porte aussi en elle l'histoire de la Révolution.
Astrid CASTRES, maître de conférence EPHE
Broder à Paris au XVIe siècle
Entre 1528, date à laquelle François Ier annonça à la municipalité parisienne sa décision de fixer à Paris sa résidence ordinaire, et 1589, année de la mort de Henri III et du début du siège, l'industrie de la broderie connut un véritable essor dans la capitale. Issue d'une thèse de doctorat soutenue en 2016, cette communication propose d'examiner ce que fut alors la production des ateliers des brodeuses et des brodeurs parisiens. Des textes d'archives et des documents iconographiques, confrontés aux rares textiles conservés, témoins émouvants de ce qu'il reste d'une production alors réputée dans tout le royaume et à l'étranger, permettront de reconstituer les processus de création, les gestes techniques de l'ouvrier et de mieux comprendre le quotidien de ces artisans du textile au XVIe siècle.