Conférences 2023

Mardi 24 janvier 2023

Jan SYNOWIECKI, maître de conférences en histoire moderne à l’Université de Caen


Paris à travers ses jardins au XVIIIe siècle

Royaux ou princiers, les jardins de Paris au XVIIIe siècle devaient offrir à la population urbaine des îlots salvateurs face aux exhalaisons et aux miasmes de la ville. Loin d’être figés dans un écrin de verdure éternel et de représenter des enclaves champêtres au cœur de la ville, ces espaces étaient fermement insérés dans le tissu urbain. Ils en partageaient les pollutions et les nuisances, tout comme ils dépendaient de réseaux d’approvisionnement en eau et en plantes provenant de la ville et, souvent, d’un arrière-pays qui s’étendait au-delà des limites de Paris. Paris en ses jardins, publié en mai 2021 aux éditions Champ Vallon,propose ainsi une histoire environnementale et une véritable microphysique de la nature parisienne, des dégâts causés par les taupes et les chenilles au bouturage du buis et à l’élagage des arbres. L’histoire matérielle et vivante des jardins parisiens du XVIIIe siècle permet de restituer avec le plus de fidélité possible un monde composé de micropartages faisant la part belle aux conflits entre juridictions concurrentes, aux régulations policières ainsi qu’aux tensions entre les différents usages sociaux et publics de ces espaces. Les conflits entre les usages récréatifs des jardins et leur conservation comme espaces naturels dessinent un ensemble d’asymétries que les autorités monarchiques et urbaines s’efforcent de contrôler, sans jamais parvenir à imposer leur marque sans provoquer résistances et contestations. Ce travail met donc en lumière les processus par lesquels les jardins deviennent des lieux cristallisant les débats sur l’appropriation de l’espace public et l’usage des ressources, impliquant aussi bien le pouvoir que les riverains et les promeneurs. Il insiste enfin sur les différenciations sociales importantes qui régissent l’accès aux jardins, avant que la Révolution française ne consacre définitivement l’utilité publique de ces espaces et leur ouverture indistincte à l’ensemble des citoyens

Mardi 14 février 2023

Adrien PITOR, docteur en histoire moderne et contemporaine, enseignant d'histoire-géographie.


De l’archive à la carte numérique. Restituer l’espace du palais de justice de Paris au XVIIIe siècle.


Comment donner à voir et comprendre une enclave parisienne sous l’Ancien Régime ? Le cas du Palais, situé sur l’île de la Cité, permet de comprendre la manière avec laquelle les historiens et historiennes enrichissent leur compréhension du passé par l’approche géographique d’un territoire où de nombreuses activités se déploient. En partant d’archives manuscrites et de plans anciens, les outils numériques contribuent à restituer l’organisation d’une véritable cité judiciaire et commerciale, façonnée par la présence d’hommes de lois, de marchands, de chanoines de la Sainte Chapelle ou de simples visiteurs. Ils donnent ainsi accès aux façons d’habiter des Parisiennes et des Parisiens.


Mardi 14 mars 2023

Christiane DEMEULENAERE-DOUYÈRE, conservateur général (h) du patrimoine, vice-présidente de l’Association d’histoire et d’archéologie du 20e arrondissement de Paris


L’église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant et son architecte, Louis Héret (1821-1899)


L’église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant, dans le 20e arrondissement de Paris, est sans doute une des églises parisiennes les plus impressionnantes avec ses dimensions exceptionnelles, son grand escalier monumental et son style alliant les caractères des architectures romane et gothique. Édifiée dans la seconde moitié du xixe siècle (1863-1880), elle n’a fait encore l’objet que de peu d’études et son architecte, Louis Héret, encore moins.

Pourtant cet édifice est particulièrement représentatif du style « éclectique », en vogue notamment dans l’architecture religieuse de la seconde moitié du xixe siècle, et de la mise en œuvre de procédés « modernes » de construction, hérités en partie de l’architecture des grandes expositions industrielles. Par ailleurs, une micro-étude attentive de la carrière de l’architecte et de son environnement familial et social montre un bel exemple d’ascension sociale et permet de poser quelques éclairages sur le statut de l’architecte dans la société du xixe siècle.


Mardi 4 avril 2023

Mathieu MARRAUD, chargé de recherche CNRS HDR, EHESS-CRH


Les corporations et la Fronde à Paris : désordre politique et ordre des métiers


Il est possible de ramener le rôle bien connu des factions durant la Fronde (orléanais, condéens, mazarins, parlementaires, royalistes...), au rôle nouveau tenu par les corporations parisiennes dans l'organisation (ou la désorganisation) de la ville à cette époque. Alors que la représentation politique de la capitale entre en crise, mais aussi sa vieille ossature municipale par quartiers, de nouvelles formes d'appartenances et de ségrégations s'imposent en effet aux Parisiens, désormais orchestrées par les métiers. Profitant de cette période troublée de régence, une fédération de six corporations sort renforcée de l'événement : les Six Corps des marchands de Paris.



Mardi 16 mai 2023

Pierre MARCHANDIN, Archiviste paléographe, docteur en histoire médiévale


Exploiter l’énergie hydraulique et éolienne à l’époque préindustrielle, l’exemple des moulins de Paris et de sa banlieue (XIIIe-XVIe siècle)


Les sociétés préindustrielles ont compté sur les moulins pour répondre à une partie de leurs besoins énergétiques. Ces machines, dont les usages se sont diversifiés au Moyen Âge, ont peuplé les fleuves, les rivières, les plaines et les collines, s’installant jusque sous les piles des ponts des villes les plus peuplées, comme Paris. La capitale du royaume de France accueillait ainsi à l’aube du XIVe siècle plus de 200 000 habitants, et autour d’elle une centaine de moulins répondant à la demande énergétique de cette importante population. Loin d’être fixe, le paysage meunier parisien connut de profondes transformations entre le XIIIe et le XVIe siècle. L’intervention brossera un panorama de ces évolutions et montrera comment fut organisé sur cette période l’accès des Parisiennes et des Parisiens au service procuré par ces machines rendant utilisables pour les activités humaines les énergies de l’eau et du vent.

Mardi 6 juin 2023

Kouky FIANU, professeure d’histoire du Moyen Âge à l’université d’Ottawa (Canada) ;

Hélène NOIZET, Maîtresse de conférences HDR en histoire du Moyen Age à l’Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne

La géographie de la production du livre entre manuscrit et imprimé : les artisans du livre à Paris vers 1300 et 1571

Les artisans fabriquant des livres peuvent être identifiés et localisés, dans le Paris médiéval et moderne, à partir des listes fiscales des années 1300 et de 1571. La répartition spatiale des différents métiers participant à la chaîne de production des livres, qui sont relativement concentrés dans des quartiers spécifiques, peut ainsi être comparée à ces deux moments. Le passage du manuscrit à l’imprimé entre ces dates permet d’évaluer dans quelle mesure les différences techniques entre ces deux types de supports de l’écrit affectent la géographie parisienne de la production du livre.

Mardi 23 octobre 2023

Grégory CHAUMET, docteur en histoire de l’art et Archéologie, ingénieur d’études à Sorbonne Université


L’apport de l’étude des caves à la connaissance de l’habitat et de l’espace urbains à Paris sur la rive droite (XIIe-XVIe siècles)


À partir du XIIe siècle, dans un contexte d’expansion économique et démographique qui accompagne le développement urbain. La maison médiévale adopte un modèle où la cave ou la salle excavée fait partie intégrante d’une structure répondant aux besoins des propriétaires. Avec l’appui des nouveaux outils de numérisation et de modélisation 3D, plus d’une quarantaine de caves ont fit l’objet d’analyses archéologiques et architecturales. L’objectif est de déterminer l’agencement et la fonction de ces espaces souterrains, mais aussi de restituer leur rapport à l’habitat et au tissu urbain. Nous présenterons ainsi quelques cas d’études les plus récents.


Mardi 14 novembre 2023

Jean François BELHOSTE, directeur d’Études Émérite, École Pratique des Hautes Études


Gustave Eiffel et Paris


Bien que né à Dijon, Gustave Eiffel fut un vrai parisien. Il habita à Paris, fit ses études à Paris, construisit, hors la fameuse Tour, plusieurs  monuments à Paris . La conférence propose de l’illustre par un parcours chronologique à travers les lieux qu’il a ainsi fréquenté : l’Hôtel Salé, aujourd’hui Musée Picasso où se trouvait l’École Centrale des Arts et Manufactures, rue de la Bienfaisance où était l’usine de Charles Nepveu où il a débuté, Église Saint-Joseph de Nations dans le 11e arrondissement, Bon Marché, soufflerie aérodynamique de la rue Boileau dans le 16e arrondissement, avec, bien sûr, un zest de Tour Eiffel, mais sous un jour quelque peu inédit, celui de ses fournisseurs de matériaux parisiens.


Mardi 5 décembre 2023

Patrick RAMBOURG, historien, chercheur associé à l’université Paris Cité


Comment Paris devient une capitale de la gastronomie ?


Dès la fin du Moyen Âge Paris est perçu comme une cité de cocagne, avec son abondance alimentaire et ses multiples professions de bouche. Durant des siècles la ville donne le ton du bien manger et du bien boire. Elle est le lieu des débats et des révolutions culinaires, on y intellectualise la cuisine, invente le restaurant, et elle devient le foyer d’une nouvelle littérature gourmande. L’art de la bonne chère y est érigé en dogme, sa sociabilité de la table et son savoir-vivre sont un modèle pour tous. Elle devient la capitale des gourmets.