La Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France propose
un cycle de conférences mensuelles d'octobre à juin et des visites d'expositions ou de sites, sur des sujets variés
relatifs à l'histoire parisienne et de l'Ile-de-France
Certaines activités organisées par nos partenaires (Société des amis des archives de France, séminaires de recherche...) sont également ouvertes à nos membres.
Certaines conférences donnent lieu à publication dans le Bulletin.
Les cycles de conférences ont lieu aux Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier, 75019 Paris (M° et Tram Porte des Lilas, bus 61, 64, 69, 96), le mardi à 15h30 (sauf exception).
INSCRIPTION OBLIGATOIRE au plus tard le vendredi précédant la conférence
sur : inscriptions@shpif.fr
Mardi 4 octobre 2022, à 15h30, aux Archives de Paris, Salle Verlaine
Annie POINSOT, archiviste chargée des fonds liés à la nationalité aux Archives nationales (retraitée)
« Nous ne savons même pas de quoi nous devons avoir honte »1 : des Parisiens privés de la nationalité française par le gouvernement de Vichy (1940-1944)
Les retraits de la nationalité opérés par le gouvernement de Vichy entre 1940 et 1944 ont touché 15 154 personnes. Parmi elles, près de 30% résidaient à Paris et 10% y étaient nées. Les Archives nationales conservent leurs dossiers de naturalisation/dénaturalisation. Extrêmement riches d’éléments biographiques, de lettres manuscrites, parfois de photographies, ces dossiers participent à la connaissance des origines, à l’appropriation d’une histoire familiale. C’est d’ailleurs en évoquant quelques-unes des familles parisiennes victimes des retraits de nationalité que l’on prendra la mesure de cette procédure et des traces qu’elle a pu laisser.
1. BB/11/11264 dossier 77517 X 28
Mardi 8 novembre 2022, à 15h30, aux Archives de Paris, Salle Verlaine
Julie CLAUSTRE, maîtresse de conférences HDR en histoire du Moyen Age à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Notre-Dame de Paris par les textes. Le projet e-NDP Notre-Dame de Paris et son cloître
Depuis l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019, des dizaines de chercheurs se portent au chevet du monument. Dans l’environnement de recherche inédit ainsi constitué, un groupe de conservateurs et d'historiens, baptisé e-NDP et coordonné par Julie Claustre, se consacre depuis le 1er mars 2021 à la documentation textuelle de la cathédrale : tant à ses archives qu'aux livres qui composaient sa bibliothèque.
Il travaille en particulier à mettre à la disposition des chercheurs et du public le texte intégral des décisions du clergé de Notre-Dame aux XIVe -XVe siècle. Ce corpus, conservé dans les registres de décisions capitulaires, est depuis longtemps identifié par les savants comme une mine d’informations sur la cathédrale, mais il n’a jamais fait l’objet ni d’une étude systématique ni d’un projet éditorial. Le groupe e-NDP doit permettre de lever des blocages à des études pluridisciplinaires sur la cathédrale en fournissant le texte des décisions du chapitre sur la période 1326-1504 (26 registres et plus de 14 500 pages). Il mène en même temps des études thématiques dans trois directions : étude de l’espace du cloître près de la cathédrale, étude de la bibliothèque du chapitre, étude de la puissance du chapitre sous ses aspects économiques, politiques et juridiques. C'est l'avancement de ces travaux qui sera ici présenté.
Mardi 6 décembre 2022, à 15h30, aux Archives de Paris, Salle Verlaine
Pascal HENRI-GALLI, actuaire , ancien dirigeant de société financière
La Troisième République sur le vif. Présentation du Journal politique de 1914-1918 d’Henri Galli
Introduction sur le manuscrit d’Henri Galli.
1e partie : Les institutions juridiques et les arcanes du pouvoir en temps de guerre.
2e partie : Les relations conflictuelles ou consensuelles des pouvoirs civils et militaires.
Conclusion : de l’apport sur le vif d’un témoin et acteur, critique et lucide, du drame de la grande guerre.
Mardi 24 janvier 2023, à 15h30, aux Archives de Paris, Salle Verlaine
Jan SYNOWIECKI, maître de conférences en histoire moderne à l’Université de Caen.
Paris à travers ses jardins au XVIIIe siècle
Royaux ou princiers, les jardins de Paris au XVIIIe siècle devaient offrir à la population urbaine des îlots salvateurs face aux exhalaisons et aux miasmes de la ville. Loin d’être figés dans un écrin de verdure éternel et de représenter des enclaves champêtres au cœur de la ville, ces espaces étaient fermement insérés dans le tissu urbain. Ils en partageaient les pollutions et les nuisances, tout comme ils dépendaient de réseaux d’approvisionnement en eau et en plantes provenant de la ville et, souvent, d’un arrière-pays qui s’étendait au-delà des limites de Paris. Paris en ses jardins, publié en mai 2021 aux éditions Champ Vallon,propose ainsi une histoire environnementale et une véritable microphysique de la nature parisienne, des dégâts causés par les taupes et les chenilles au bouturage du buis et à l’élagage des arbres.
L’histoire matérielle et vivante des jardins parisiens du XVIIIe siècle permet de restituer avec le plus de fidélité possible un monde composé de micropartages faisant la part belle aux conflits entre juridictions concurrentes, aux régulations policières ainsi qu’aux tensions entre les différents usages sociaux et publics de ces espaces. Les conflits entre les usages récréatifs des jardins et leur conservation comme espaces naturels dessinent un ensemble d’asymétries que les autorités monarchiques et urbaines s’efforcent de contrôler, sans jamais parvenir à imposer leur marque sans provoquer résistances et contestations. Ce travail met donc en lumière les processus par lesquels les jardins deviennent des lieux cristallisant les débats sur l’appropriation de l’espace public et l’usage des ressources, impliquant aussi bien le pouvoir que les riverains et les promeneurs. Il insiste enfin sur les différenciations sociales importantes qui régissent l’accès aux jardins, avant que la Révolution française ne consacre définitivement l’utilité publique de ces espaces et leur ouverture indistincte à l’ensemble des citoyens.